Teir'Dal.

 

 

Sombre comme la nuit, douce comme une lune, froide comme la mort,

Silencieuse silhouette, sinistre apparition lorsque la ville dort,

Elle aime à marcher, lentement, sans but, errant dans les rues

Là où nul ne la verra pleurer sur un lointain passé perdu.

 

A l'émergence de l'aube, si les rayons du soleil touchent sa peau couleur d'ombre,

Elle semble ne plus être à sa place, indésirable, malvenue dans ce monde.

Et lorsque contre toute attente, de sa noirceur jaillira la lumière,

De vos douleurs naîtra la douceur, à l'ombre de cette étrangère.

 

Au crépuscule, elle retrouve confiance, dans son élement, sa petite merveille,

Tandis que la ville s'endort, doucement, bercée par le voile apaisant du sommeil.

Alors on pourrait distinguer, sur son fin visage, un sourire à peine dissimulé,

Car la lumière si souvent venerée, jamais n'existerait, sans cette obscurité,

Son obscurité.

 

 

 

Lune.

 

 

Lune, toi qui depuis toujours guide mes pas,

Complice de mes nuits, gardienne de mon coeur,

Lorsque les nuages te masquent, je ressens ce froid,

Et en moi s'éveillent peu à peu d'anciennes terreurs...

 

Tisseuse de ma vie, tu éclaires ta propre toile,

Fil de tristesse qui s'entremêle de maigres espoirs.

Avec le temps, je sens s'étendre sur moi le voile,

Ton oeuvre s'ébranle, cèderas-t-elle ce soir ?

 

J'entends frémir les feuilles, je suis au bord du précipice,

Le souffle du vent m'encourage, peu à peu il me pousse.

Ta pâle lumière me manque, je descends vers les abysses,

Appel du sommeil éternel, sur ce simple lit de mousse...